SANS PAPIERS, NOUS SOMMES CONSIDERES COMMES DES POULETS SANS PROPRIETAIRES.
REPORTAGE : LE VECU DES CULTIVATEURS SANS PAPIERS EN CÔTE D’IVOIRE.
Au fin fond des plantations de palmiers à huile, dans la région du sud Comoé, précisément, dans un campement de fortune. Ni eau courante, ni électricité à 25 km de distance de Bonoua et de 23 km d’Aboisso.
Le planteur Djati Gnaliko et ses deux épouses béninoises d’origines, père de onze enfants vit une situation d’apatridie avec toute sa famille, comme ces deux millions de personnes environ vivant sur le territoire ivoirien sans extrait de naissance, ni aucun d’autres documents justifiant leur existence, souligne l’agent des nations unies pour les refugiées en 2019.
Voulant avoir une réparation, sieur Djati Gnaliko explique sa mésaventure « c’est depuis 1986 que mes parents sont arrivés en côte d’ivoire précisément à Bouaké. Je me suis retourné au bénin avec mon papa quelques années après et en l’an 2000, je suis revenu seul m’installer à koffikro, ici Aboisso pour faire le boussan* ça veut j’ai un 1/3 quand la récolte arrive c’est mon salaire. Je suis venu travailler dans plantation de palmier à huile des gens pour avoir pour moi et nourrir mes enfants et mes femmes » vivre, plus de 26 ans dans un pays étranger, sans papiers est très difficile laisse entendre la famille Djati.
Dans ses travaux champêtres, il fait la connaissance de ses deux épouses aussi membre de la communauté béninoise « je suis venue en côte d’ivoire en 2003 par le biais de mon grand frère aussi planteur pour être servante chez les gens c’est comme ça mon mari et moi, nous nous sommes rencontrés. Aujourd’hui, nous avons cinq enfants ensemble et nous tous ainsi que ma rivale et ses enfants, on n’a pas de papiers, on est toujours gêné quand les instituteurs réclament leurs extraits de naissance à l’école. Pardon, aidez-nous à avoir nos papiers car nous sommes devenus comme des poulets sans propriétaire » a-t-elle déclaré la première épouse de Djati.
Se rendre à l’hôpital, au poste de police voire l’école des enfants est chose interdite pour les membres de la famille qui vivent dans une petite maison en terre battue dans un campement en plein milieu des plantations de palmier à huile, de peur que l’on demande une pièce d’identité.
Au regard de ces multiples problématiques, plusieurs organisations de la société civile luttent au quotidien, pour le droit de naissance, d’épanouissement et d’identité des êtres humains.
Permettre à des millions de personnes vulnérables d’avoir une nationalité est une mission noble que KAHI DAVID, président de l’ONG-ORA (organisation pour la réduction de l’apatridie), agent de développement et ses collaborateurs se sont assignés depuis quelques années. Ils mènent des activités de sensibilisations, de formations et d’enquêtes sur le territoire ivoirien. Pour lui, la méconnaissance et l’ignorance des lois sur la nationalité est un facteur crucial pour l’essor de ce phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur en côte d’ivoire, surtout dans le monde des paysans. A-t-il déclaré.
Il faut signifier qu’en côte d’ivoire la déclaration de naissance est gratuite et l’on détient trois mois pour établir une déclaration d’Etat civil avec pour dépense une somme de 500 FCFA pour le timbre.
Certes, les lois sont méconnues mais les préjugés, le manque de moyens financiers ainsi que les effets politiques, amènent les paysans en situation d’apatridie à ne pas demander la nationalité ivoirienne ou de poursuivre des démarches dans les différents consulats pour s’acquérir une identité.
Comme le souligne monsieur Djati « tout le monde sait que nous sommes béninois et si demain ils comprennent que nous avons une nationalité ivoirienne, nous sommes en danger, on a peur des représailles de nos voisins ivoiriens, c’est pourquoi on demande notre nationalité béninoise pour ne pas avoir des problèmes conflictuels avec nos hôtes » déclare notre planteur.
Des plaidoyers, des audiences foraines sont recommandés par l’ONG-ORA, en attendant que des solutions soit trouvées le plus rapidement possible pour la famille Djati Gnaliko ainsi que tous ces ivoiriens qui vivent la même situation.
En réalité, ce sont des milliers d’enfants et de femmes qui sont privées de leurs droits de nationalité et d’existence en Afrique, si rien n’est fait d’ici peu.
Reportage signé ALEX ADOU.
57 lignes.
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