SANTE : LA MUSIQUE A FORTE SONORITE DANS LES GBAKAS ET WORO-WORO, ABIDJAN.
L’effet néfaste de la musique assourdissante sur la santé, un quotidien pour les clients passagers des véhicules de transport en commun.
Abidjan-Cocody, il est 6h05mn du matin. Nous nous retrouvons au grand carrefour du village Abatta et de la ville de Bingerville communément nommé ‘’Nouveau goudron’’, lieu de rendez-vous des véhicules de transport du quartier Abatta-Riviera. Déjà, un monde fou s’y trouve, tous, en attente d’un transport en commun appelé GBAKA* et WORO-WORO*. Ces futurs passagers courent dans tous les sens à l’appel des apprentis et chauffeurs de Gbaka et woro-woro.
Une fois à bord de l’engin de transport, une musique assourdissante vous envahi les oreilles, le coupé-décalé est majoritairement la musique de préférence. Installé, plus de silence, vous êtes souvent obliger de crier pour vous faire entendre. Dans cette ambiance musicale non partagée par tous, nous écoutons monsieur Ouattara Idriss, l’un des clients passagers âgés d’une cinquantaine d’années, agent comptable « c’est désolant mais que faire ! Tous les jours cette musique fatigue notre cerveau et nous rend nerveux. Ces chauffeurs ne tiennent pas compte de l’heure, du type de musique et surtout le volume et la fréquence sont exagérés. Ils ne savent même pas, si nous portons des appareils auditifs » laisses entendre monsieur Ouattara.
Dans le même élan, une dame vêtue d’un pull vert semblant malade interpelle le chauffeur à voix faible « chauffeur s’il te plaît, diminuez la musique, je veux répondre à mon appel ». L’apprenti du chauffeur dans un langage qui lui est propre, répond aussitôt « vielle-mère, faut communiquer comme ça ! C’est volume-là même qui nous inspire matin-là. Donc laisses cà côhan ! » Martèle l’apprenti Abou yoromangne. Traduction, « madame répondez à votre appel car la musique nous motive les matins » après cette réponse de l’apprenti, nous assistons à une réplique de réponses de mécontentement des clients à l’endroit de l’apprenti Abou. Pendant ce temps, certains élèves assis à l’arrière du mini-car à vive allure, fredonnent les sons qui jouent.
Il est 7h 05 mn, nous descendons à la gare de Waren* avec Sarrah, une élève passager du précèdent Gbaka où nous étions tous deux. Nous profitons de cet instant, pour partager son avis sur le sujet « tonton, ne dit-on pas que la musique adoucit les mœurs ? Moi, la musique jouée dans le gbaka me fait du bien en ce sens qu’elle me réveille bien et me rend heureuse. C’est aussi bien de voir les nouveaux clip vidéos de nos artistes préférés ».
Après notre échange avec la lycéenne, j’emprunte un taxi woro-woro jaune, cap sur le centre hospitalier universitaire(CHU) d’Angré. En route, il pleuvote, le conducteur du taxi remonte les vitres et allume la radio. Cette fois-ci en fond sonore. Une fois au CHU d’Angré Dr Kouakou Axel, médecin psychologue nous explique les conséquences des effets sonores sur la santé de l’homme, nous l’écoutons : « déjà, il existe trop d’effets sonores à Abidjan, le klaxonnement infini des automobilistes, les musiques d’évangélisation et publicitaires à tous les carrefours sans oublier les maquis, la radio et la télévision chez nous à la maison, pour ne citer que ceux-là nous rendent malade. Tous ces effets sonores au quotidien deviennent un bruit nuisible et nocif qui peuvent provoquer des troubles mentaux, des traumatismes, l’insomnie, la nervosité récurrente et voir des crises d’AVC (accident vasculaire cérébrale). C’est pourquoi, il est recommandé de faire moins de bruit pour ne pas affecter la santé de l’individu. Je conseillerais aux chauffeurs de gbaka et woro-woro d’utiliser des écouteurs pour eux ou de diminuer au maximum le volume de leur musique afin de mieux satisfaire leurs clients ».
Enfin, c’est sur ces notes, le soleil étant clément que nous quittons les hommes en blouse blanche vers 10h32mn. Docteur Kouakou s’orientant vers ses patients et moi, direction à mon bureau pour la suite de mes activités quotidiennes.
La musique en elle-même n’est pas mauvaise car elle adoucit nos mœurs, mais quant elle se transforme en un bruit nuisible, elle affecte automatiquement notre santé psychologique et intellectuelle. Pour remédier à ce phénomène, il existe des endroits, des heures et volumes adéquats et recommandés pour écouter la musique en préservant la santé de tous. Notre liberté s’arrête là, où celle de l’autre commence donc chauffeurs et apprentis de gbaka* et waren* respectons la conduite à tenir(CAT) pour le bien-être de tous.
Fait à Abidjan, par
ALEX ADOU
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